Catégories
Affirmer la paix Artisans de paix Initiatives de paix Non-violence Pardon et réconciliation résilience Visages et rencontres au-delà des frontières

Oscar Romero : figure inspirante au cœur de l’action non-violente

PubliciteMgrRomero_8,5x11

Nous commémorons en 2020 le 40e anniversaire de l’assassinat d’Oscar Arnulfo Romero, figure de la résistance non-violente, à la hauteur des grands comme Mohandas Gandhi ou Martin Luther King, assassinés respectivement il y a 72 ans et 52 ans.

Devant la clameur du peuple pour tant de crimes, il a réconforté, dénoncé et appelé au repentir telle la voix qui crie dans le désert. L’archevêque de San Salvador s’est transformé de simple prêtre adhérent au statu quo, en un prophète audacieux qui dénonçait le comportement des élites nationales et internationales alors qu’il témoignait d’une option préférentielle pour les pauvres. Fidèle à cette option, et pour faire face à des situations désespérées qu’engendrent la misère et l’oppression, il s’est entouré d’une équipe de professionnels pour juger de manière critique et objective les dimensions conflictuelles de la réalité sociale : droits humains et associatifs, éducation, réforme agraire, mortalité infantile, indice de malnutrition, analphabétisme, conditions de travail, etc. Il s’est ainsi forgé une renommée internationale comme défenseur des droits humains et s’est situé de façon consciente devant l’histoire afin de la juger à la manière d’un projet, selon les critères du Règne de Dieu.

L’esprit de non-violence

Reconnu comme un pasteur exemplaire au service de l’église, il incarne l’esprit de non-violence, caractéristique première d’une vision de la paix et philosophie comme attitude politique de ceux qui rejettent l’utilisation de la violence dans la résolution des conflits.

Convaincu de la force morale de la non-violence, son analyse de la violence est succincte et énergique: «L’Église n’approuve ni ne justifie une révolution sanglante, ni les cris de haine. Mais elle ne peut pas non plus les condamner alors qu’elle ne voit aucune tentative d’éliminer les causes qui causent cette maladie dans notre société …»[1]

En tant que messager de la paix, il a fait preuve de compréhension de la réalité politique et sociale de son pays. «Mon jugement n’est pas politique, encore moins opportuniste, l’Église ne vit pas d’une conjoncture mais de la grande utopie, au-delà; le peuple doit être l’architecte de sa propre société. Vous devez vous donner la société que vous voulez: démocratique, socialiste, communiste; vous êtes le peuple. Un langage de violence provoque la répression».

Nous pouvons reconnaître, dans ce que Romero a écrit sur les complexités de la violence et la réponse à cela, son choix clair pour la non-violence [2]:

«L’Église préfère le dynamisme constructif de la non-violence: le chrétien est pacifique et je n’ai pas honte de cela…pas simplement pacifiste, car il peut combattre, mais préfère la paix à la guerre. Le chrétien sait que des changements violents dans les structures seraient fallacieux, inefficaces en eux-mêmes et non conformes à la dignité humaine (Medellín Documents, Paz, # 15)».

Sans aucun doute Romero incarne la non-violence avec «une dimension profonde de bienveillance tant à l’égard des autres humains que de la création toute entière. Une attitude faite de respect profond, d’ouverture et de gratitude, qui cherche à construire ensemble sans dominer ni exploiter. Une conception de la non-violence comme une arme urgente et efficace»[3]

L’efficacité de cette conception atteint le point le plus haut dans sa puissante homélie du dimanche 23 mars 1980, un discours critique, une référence à jamais pour le monde entier. Un appel aux membres de l’armée, une invitation à la désobéissance : «Un soldat n’est pas obligé d’obéir à un ordre qui va contre la loi de Dieu. Une loi immorale, personne ne doit la respecter» puis le lendemain, le 24 mars 1980, il est tué par des escadrons de la mort.

Un repère emblématique et inspirant pour aujourd’hui

Au-delà de positions idéologiques à caractère politique ou religieux, la société d’aujourd’hui cherche  des terrains  d’entente plus larges qui puissent convoquer des organisations et individus : la non-violence et la désobéissance civile surgissent comme des stratégies d’action efficace pour faire avancer la société.

Ces stratégies ont  historiquement été associées aux grands défenseurs des droits et libertés. Quarante ans après l’assassinat d’Oscar Romero, de nombreux défis du monde actuel tels que les guerres, les changements climatiques, les crises économiques, les migrations internationales, attendent toujours des réponses.

Quelle est alors la place d’Oscar Romero dans notre mémoire collective ? Comment sa vie, son héritage et son témoignage sont des repères emblématiques qui inspirent les collectivités pour transformer les situations d’injustice qui persistent ?

Ils lui imposèrent le silence, mais l’histoire ne restera pas silencieuse …

Vous pouvez trouver cet article aussi sur le webzine Rencontre, Vol. 10, n 30, mars-avril-mai-2020 du Centre culturel chrétien de Montréal (CCCM), à la page 32: PENTECÔTE ET MISSION

L’événement commémoratif prévu le 28 mars 2020 a été reporté à une date ultérieure. Pour en savoir plus (la nouvelle date sera bientôt affichée ici)  : Action non-violente et crise écologique: Journée Oscar Romero

Gloria Elizabeth Villamil, coordonnatrice d’Antennes de paix

coordinationadepaix@hotmail.com

[1] https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00974349/document

[2] Citation sur : http://paxchristi.org.uk/wp/wp-content/uploads/2017/04/Nonviolence-and-witness-of-Oscar-Romero.pdf

[3] Boisvert, D. (2017). Nonviolence. Une arme urgente et efficace. Montréal: Les Éditions Écosociété.

 

 

Catégories
Affirmer la paix Élimination de la violence envers les femmes Non-violence

Dieu veut-il la violence? Non!

dieu-veut-il-la-violence

Suite à la vague récente d’attentats, apparemment perpétrés au nom de Dieu, nous publions la belle réponse du théologien Jean-Marc Gauthier à la question que nous avions déjà posée en 2015, suite aux attentats de Paris :

Dieu veut-il vraiment la violence?

Non! Sûrement pas! Vraiment pas!

Que serait ce qu’on appelle « Dieu » si « Dieu » voulait la violence? Un terroriste de Haut-niveau? Nous avons assez de terroristes de bas-niveau pour nous encombrer d’un terroriste de Haut-niveau, pour justifier les terroristes de bas-niveau.

Il est terriblement triste et religieusement blasphématoire qu’on utilise le nom de « Dieu », dans quelque langue que ce soit (God, Allah, Deus, Theos… Dieu),  pour justifier nos violences non-assumées. Le problème des « sacrés humains » que nous sommes, c’est justement de vouloir sacraliser nos violences pour masquer que nous faisons, indûment, des victimes innocentes. On nous a mis dans la tête, en nous forçant le coeur, que nous étions des héros, des martyrs si nous faisions la guerre, si nous gagnions la guerre.

Mais gagner la guerre, c’est toujours perdre la paix. C’est ne rien gagner sinon le souvenir d’avoir été un héros guerrier. Un meurtrier sacralisé … en légitime défense… ou en illégitime attaque.

De la terreur…

Quand on a lancé des bombes nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki, en 1945,  en tuant des milliers de victimes innocentes, on n’a pas gagné la guerre, on a perdu la paix. On a tué des êtres humains, très réels, en chair et en os, des enfants, des femmes, des hommes. Comment être  véritablement en paix, après cela? Depuis que « la bombe » a gagné la guerre en tuant à outrance, on est entré dans le monde de l’équilibre de la terreur masqué en apparence de paix. La guerre froide. Depuis, la guerre froide s’est réchauffée en déséquilibre de la terreur. Dorénavant, la terreur en déséquilibre peut s’exprimer n’importe comment, n’importe quand, partout. Ce n’est plus Dieu qui est partout, c’est la terreur possible.

Si vous cherchez Dieu, le « Bon Dieu », vous ne le trouverez pas dans ces jeux de terreur déséquilibrée. Vous ne trouverez que des idoles en formation.

… aux idoles

Je cherche  encore le « Bon Dieu ». Ce n’est certes pas celui qui s’est manifesté à Paris quand on tuait des victimes innocentes en criant « Allah est grand », comme ce n’est pas celui qui va se manifester en Syrie quand on tuera des victimes innocentes, au milieu des guerriers, pour venger nos victimes innocentes.

Ce qu’on appelle « Dieu » est à la merci de ceux et celles qui croient en « Dieu » et qui parfois prennent son nom en vain.

On reconnaît un arbre à ses fruits. Si nous croyons à la violence et en faisons un projet sacré, nous faisons de « Dieu » un meurtrier insignifiant et insupportable. Une idole. Quand un jeune homme, à Paris, tuait en tirant à bout portant  en criant : « Dieu est grand », il ne rendait pas gloire à Dieu.  Il disait: « Dieu t’es mon idole » et il faisait de Dieu une idole blasphématoire. Le problème c’est qu’il ne savait pas ce qu’il faisait. – « Pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ».- Il croyait à la violence croyant croire en Dieu. Il ne croyait pas en l’Amour.

Du côté des victimes

Si nous croyons en l’Amour et en faisons un projet divinement vivifiant, nous faisons de « Dieu » le seul « Bon Dieu » que Dieu pourrait être.

Sinon « pas de Dieu » serait mieux. Mais est-ce que ce serait mieux?

À chaque jour, j’essaie encore de croire en l’Amour, ce qui aura toujours l’air d’être fragile quand la violence se prend pour Dieu. Mais je ne vois pas d’autre chemin signifiant et vivifiant. Divinement signifiant et vivifiant.

Si vous cherchez Dieu dans les querelles meurtrières qui tuent la beauté du monde, vous n’avez  de chance de trouver un « Creux de Divin » que bien caché du côté des victimes. Cette apparence de Dieu n’est pas éclatante.  On (Dieu) ne saurait vouloir ni apprécier la violence quand on en est victime. Tuer au nom de Dieu c’est un peu beaucoup tuer Dieu, s’il est vrai que Dieu est amour.

Jean-Marc Gauthier, théologien (à la retraite), Saint-Jérôme, Qc

Liens à consulter :

«Je veux répéter avec fermeté que la voie de la violence et de la haine ne résout pas les problèmes de l’humanité, et utiliser le nom de Dieu pour justifier cette voie est un blasphème» Pape François
http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Le-pape-denonce-comme-un-blaspheme-l-utilisation-du-nom-de-Dieu-pour-justifier-la-violence-2015-11-15-1380582

La guerre au nom de Dieu ?
http://www.lavie.fr/actualite/religions/la-guerre-au-nom-de-dieu-06-01-2016-69580_395.php

Une violence divine ?
http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/12/27/une-violence-divine_4838378_3232.html

La religion mène-t-elle à la violence ?
http://www.lactualite.com/politique/le-blogue-politique/la-religion-mene-t-elle-a-la-violence/

Catégories
Affirmer la paix Paix entre les religions

Affirmer la paix, malgré la violence

 Tout un vol mouvementé pour la colombe de la paix en ce mois de novembre 2015!
(Cliquer pour visionner et ouvrez vos hauts parleurs pour entendre la bande sonore)

Ce court message présente un bref survol des évènements marquants de ce mois en  quelques phrases-clés prises sur les médias et réseaux sociaux.

Partage de réflexions pour la paix

Nous publions un dossier spécial de partage, à la suite de la vague d’attentats, à Beyrouth, à Paris, à Bamako et à Tunis. Ce dossier inclut les  réponses à nos questions sur la violence perpétrée au nom de Dieu et sur l’appel à la paix entre les religions.

Lire le dossier complet « Affirmer la paix, malgré la violence »
https://antennesdepaix.org/affirmer-la-paix-malgre-la-violence/

paix-novembre-13m

Ci-dessous quelques extraits du partage de réflexions, de prises de parole, de témoignages et de commentaires pour la paix.

Prises de parole pour la paix

…dans la presse

Fabrice Hadjadj : Nous voulions non pas la paix qu’on fait, mais celle qu’on nous fiche, peu importe à quel prix de dévastations, de « dégâts collatéraux ». ….il est normal, quand on refuse ce combat pour la justice, que notre paix apparente nous saute à la figure.

Jean-Claude Guillebaud : …quelle que soit sa nature, il nous faut réapprendre à penser la guerre sans céder à la panique. Notre vraie réponse aux terroristes sera de ne plus jamais être « terrorisés ».

Josée Blanchette : Père Noël, en cette année qui s’achève, et qui a bien mal commencé de toute façon, j’aimerais vous demander un peu plus de tolérance, des bas de Noël pour tout le monde, pas seulement pour les fortunés, une autre planète tant qu’à faire, parce que celle-ci, on l’a bien amochée…

 Olivier Kemeid : …moi qui ai longtemps cru que la terreur qui a poussé ma famille à s’exiler était en grande partie responsable de ma naissance, sais aujourd’hui, et m’y raccroche comme on s’accroche à une planche de salut dans cet océan d’horreur, que c’est l’amour et tout ce qui peut nous rapprocher comme êtres humains, par-delà nos différences culturelles, qui m’a fait naître.

paix-novembre-6m

Notre invitée

Pascale Frémond, présidente de Religions pour la Paix, signe un article intitulé L’illégitimité de la violence :

Or il se trouve que cette guerre sainte dont parlait le prophète de l’Islam concernait en premier lieu le combat intérieur que chacun est appelé à mener contre ses propres penchants de haine, d’égoïsme et de séparativité. Ce djihad par le cœur incite les musulmans à faire un effort dans le chemin de Dieu, à combattre leurs propres faiblesses pour s’améliorer et améliorer la société. (…) Puisque cette « guerre sainte » est d’abord à mener en soi-même, qu’est-ce qui pousse certains individus et groupes à la négliger pour lui préférer une guerre contre tous ceux qui ne croient pas dans ce qu’ils considèrent LA religion?

Notre éditorial

L’éditorial de Gisèle Turcot : Mais pourquoi ces convulsions qui secouent nos villes? Pourquoi ces explosions de rage et de haine ciblant des civils? Jusqu’où ira cet effroyable dévoiement qui transforme des fillettes en kamikazes, après voir habillé en soldats des milliers d’enfants? (…) Nous assistons à des convulsions volcaniques qui crachent des humains sur les routes. Qu’y a-t-il dans les entrailles de la terre en ce XXIe siècle pour provoquer tant de rejets? Se pourrait-il que les fondations de notre univers soient ébranlées par la danse macabre des trafiquants d’armes?

Lire les prises de parole dans notre dossier.

paix-novembre-11m

Messages

Conseil œcuménique des Églises : Nous ne pouvons accepter qu’une telle atrocité terroriste soit justifiée par le nom de Dieu ou par quelque religion que ce soit, et nous ne l’acceptons pas. La violence commise au nom de la religion est une violence perpétrée contre la religion.

(…) Ne laissons pas ces événements flétrir notre attention et notre hospitalité à l’égard de celles et ceux qui fuient la violence et l’oppression.

Pape François : Je veux réaffirmer avec vigueur que la voie de la violence et de la haine ne résout pas les problèmes de l’humanité. Utiliser le nom de Dieu pour justifier cette voie est un blasphème !

Extrait du communiqué de Pax Christi International : Utiliser la violence armée demeure un moyen facile pour se venger, se justifier en prétendant que c’est le meilleur moyen de résoudre les conflits sanglants en cours, et le proposer aux citoyens comme unique source de sécurité.
(…) Jusqu’à présent, les fusils ne nous ont pas permis d’éradiquer l’extrémisme violent; les institutions étatiques doivent se montrer beaucoup plus créatives et transparentes pour trouver des façons de faire, tout en s’appuyant sur des réponses déjà développées par les organisations de la société civile.

paix-novembre-15m

Lire tous les témoignages, hommages et commentaires reçus à la suite des attentats de Paris et des questions que nous avons posées sur le site.
https://antennesdepaix.org/affirmer-la-paix-malgre-la-violence/

Catégories
Paix entre les religions

Comment rester unis?

comment-reunir

En France, toutes les communautés religieuses sont endeuillées. Comment rester unis dans cette tornade de ressentis, de peurs, de réactions et d’accusations?

Comment faire en sorte que la terreur semée n’engendre pas davantage de division, de xénophobie, de comportements haineux et de violence?

Et plus particulièrement, comment les grandes religions peuvent-elles se rassembler autour de l’essentiel : la reconnaissance commune en un Dieu de compassion et de miséricorde?

Nous ne pouvons faire autrement que de continuer à tendre les mains et à réfléchir tous ensemble afin de demeurer unis et solidaires malgré l’adversité.

Notre façon de réagir face à la montée de l’intégrisme religieux est déterminante pour le maintien de la paix entre les collectivités.

Avez-vous des  commentaires à partager sur ce sujet? Participez en témoignant au bas de cet article, sur notre page Facebook, ou encore par courriel à accueil@antennesdepaix.org

Lire les réponses dans notre dossier spécial « Affirmer la paix, malgré la violence« 
https://antennesdepaix.org/affirmer-la-paix-malgre-la-violence/

Catégories
Non classé Pardon et réconciliation

Dieu veut-il vraiment la violence?

dieu-veut-il-violence

Difficile de ne pas réagir à la violence des attentats qui viennent d’être perpétrés à Paris. Surtout lorsque les actes de violence semblent être commis au nom de Dieu.

Combien d’agressions violentes dans le monde ont été et continuent à être légitimées par l’interprétation que l’on se fait de la volonté de Dieu?  Mais, est-ce que Dieu veut vraiment toute cette violence?

Aidez-nous à répondre à cette question en répondant sous forme de commentaire en bas de cet article ou sur notre page Facebook, ou encore par courriel à accueil@antennesdepaix.org

Lire les réponses dans notre dossier spécial « Affirmer la paix, malgré la violence« 
https://antennesdepaix.org/affirmer-la-paix-malgre-la-violence/

Catégories
résilience Violence envers les femmes

Femmes, au-delà de la violence, la résilience

marguerite-barankitse

« Je suis convaincue que la vie est une fête. C’est à nous d’éloigner ces nuages. Nous avons assez d’amour et de richesses pour que tout le monde vive dans la dignité ».

Celle qui parle ainsi a pourtant vécu l’horreur lors du massacre de Tutsis par les Hutus. Le 24 octobre 1993, en pleine guerre civile, Maggie est réfugiée avec 72 personnes dans un évêché. Des hommes armés font irruption et exécutent tous les adultes, sauf elle et 25 enfants. Décidant alors que « la haine n’aura pas le dernier mot » et que l’amour sera plus fort, elle prend en charge les 25 enfants restés orphelins et fonde la Maison Shalom » établie à Ruyigi (Burundi) qui a déjà accompagné plus de 20 000 enfants depuis 1994. Un magnifique exemple de résilience au-delà de la violence!

Voir d’autres détails dans notre dossier.

appel-semaine

femmes-resilience-titre

La vie demeure souvent de la « survie » pour nombre de femmes victimes et assujetties à une culture d’abus où la violence les emporte loin du meilleur d’elles- mêmes.

Les antennes de Paix proposent cette semaine quelques témoignages de femmes dont la sortie des tombeaux de la victimisation peut nous inspirer à marcher à l’air libre et la tête haute.

Toutes ces femmes résilientes ont dû lutter chacune en puisant en elles-mêmes avec d’autres, pour garder saine leur identité profonde et reprendre leur vie en dépit des altérations subies.

Leurs marques souvent visibles mais assumées deviennent désormais tracés de lumière et lieux inspirants pour nos propres traversées.

L’enjeu demeure toujours la Paix: passées de l’insoutenable violence à une paix étonnante de fécondité, ces femmes nous « engendrent » par leur vie, à vivre pleinement la nôtre. Elles nous enseignent chacune à sa façon, que chaque vie vaut son poids d’intériorité, de douceur inviolable et de force tranquille.

temoignages

Entre l’agression et la prise de parole, des femmes gardent souvent un long espace de silence. La journaliste Michèle Ouimet révèle sa propre expérience  dans l’article intitulé « La honte » (publié dans le journal la Presse)
http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/michele-ouimet/201411/06/01-4816422-la-honte.php

Nous vous invitons à lire cet article dans sa version intégrale. Rarement un texte en a dit autant sur le sujet en aussi peu de mots. En voici quelques extraits :

« J’avais 21 ans quand deux hommes m’ont brutalement violée. Des hommes armés, le visage dissimulé sous un foulard. Des hommes que je n’avais jamais vus de ma vie.

L’été de mes 21 ans, j’ai perdu mon innocence et la certitude que rien d’horrible ne pouvait m’arriver. Désormais, je faisais partie des statistiques. Une femme sur trois est victime d’agression sexuelle ».

« Comment sort-on d’un viol aussi brutal ? Différente, changée pour la vie. Changée parce qu’on doit désormais vivre avec la peur. »

femmes-resilience-2-

On aimerait une suite à cet article, ne fût-ce que pour apprendre comment cette jeune femme, Michèle Ouimet, a pu ensuite devenir la journaliste que l’on connaît, celle qui ose s’exprimer avec courage sur la place publique, celle qui affronte quotidiennement la peur lors de reportages risqués à l’étranger.

Michèle a su résumer en quelques mots les « émotions entremêlée » dont témoignent de nombreuses femmes après une agression :

femmes-resilience-3-

Dans la logique des choses, chacun pourrait s’attendre à ce que ce soit l’agresseur qui ressente, ne fût-ce qu’après coup, de la honte et de la culpabilité. Honte d’avoir posé un acte répréhensible, honte d’avoir abusé d’une personne, honte de se montrer à ce point dominé par une pulsion sexuelle, coupable d’avoir fait du mal à l’autre, d’avoir méprisé son libre choix, d’avoir imposé une intimité non voulue, non désirée.

Or c’est l’inverse. Comme si tout ce que l’agresseur est obligé de nier en lui, pour pouvoir poser un tel geste, est violemment transféré sur la victime.

En plus d’être agressée, la victime se retrouve avec la triple charge des émotions négatives que l’agresseur évacue : la peur, la culpabilité, la honte.

« Honte d’être une victime. »

« Qui a envie de se retrouver devant un juge et un avocat qui posent des questions comme si la femme violée était une criminelle ? »

Et cet omniprésent sentiment de culpabilité…

« En quoi pouvais-je être responsable des gestes criminels de ces hommes ?
Même après 40 ans, je ne comprends pas. Mais le sentiment est là, puissant, envahissant. »

Et aussi cette sorte de complicité par défaut du silence si souvent partagé par la victime et l’agresseur.

femmes-resilience-4

 « Je me suis sentie coupable de mon silence. »

femmes-resilience-4-

Nous vous invitons, à la suite de Michèle Ouimet, à vous faire porteur de parole. Pas tant pour accuser, que pour tenter de comprendre, toutes et tous ensemble, cette épouvantable méprise, cette profonde trahison du don de l’intimité humaine, et ce faisant de l’amour.

Qu’est-ce qui pousse un agresseur à profaner sa propre intimité et dignité? Qu’est ce qui fait qu’encore aujourd’hui, même dans nos sociétés dites «libres et  ouvertes », tant de victimes continuent à porter seules et en silence  le poids de la honte et de la culpabilité?

Et au-delà de la violence, de la peur et des ressentis, qu’est-ce qui fait qu’une personne se transforme et, plutôt que chercher à profiter de son prochain, devient source de réconfort, de confiance et de paix pour les personnes qui l’entourent?

Écrivez-nous !

accueil@antennesdepaix.org

dossier

Lire les notes, sources et articles consultés dans notre dossier sur l’élimination de la violence envers les femmes ainsi que sur la résilience.

En voici un aperçu :

Marguerite Barankitse, prise dans la violence du génocide, a transformé la vie de milliers d’orphelins en ouvrant les maisons Shalom au Burundi. Cette enseignante qui aurait, toutes les raisons de cultiver des ressentis de colère et de haine suite à ce qu’elle l’a vécu, affirme pourtant : « Celui qui tue est la première victime de son geste. On ne peut pas condamner un homme, seulement son geste ». Elle ajoute que « Toute vie est sacrée, même celle du criminel. »

« 12 jours d’action pour l’élimination de la violence envers les femmes »
 Notre appel se situe dans le contexte de cette campagne qui se déroule du 25 novembre au 6 décembre.

Femmes autochtones – Parmi les manifestations de la violence, signalons qu’au Canada, « plus de 1186 femmes autochtones sont disparues ou ont été assassinées au cours des 30 dernières années.

Toujours dans notre dossier, toute une série de liens sur le sujet :

Statistiques de l’ONU à propos des femmes: mariages forcés, harcèlement sexuel, viols en contexte de conflit, traite des femmes, etc. Attaques à l’acide. Violence conjugale: Une campagne pour recueillir les témoignages de victimes de violence conjugale.

25e anniversaire de la publication Violence en héritage? La violence conjugale et familiale est malheureusement un phénomène persistant. Lire ou relire la brochure  Violence en héritage?  du Comité des affaires sociales de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec, 1989.

Une autre histoire de résilience au sujet de la violence faite aux femmes, celle du  Dr Denis Mukwege à qui l’on vient de décerner le prix Sakharov. Denis Mukwedge s’est spécialisé dans la prise en charge des femmes victimes de viols collectifs.

Quelques autres exemples inspirants de femmes résilientes.

Marie-Sol St-Onge, artiste-peintre québécoise, a perdu des membres après avoir été victime de la mangeuse de chair.

Olivia Giles, avocate, peut maintenant accomplir plusieurs gestes quotidiens à l’aide de prothèses et d’outils, après avoir perdu mains et jambes suite à une méningite. Elle a fondé l’ONG « 500 Mille » pour équiper des jeunes africains amputés.

Emmanuelle Després. Sortie de l’intimidation elle a pris la parole lors d’une manifestation qu’elle a organisée à Trois-Rivières et elle se réjouit de la tenue d’un Forum sur l’intimidation au Québec.

Les liens pour chaque item sont affichés dans notre dossier

partage-prieres

Lire les prières de T. Linotte et de Marie-Hélène.

participez

Quelques extraits des participations reçues suite à notre appel au sujet de la violence et de la résilience :

Tolérance?

un poème de Rita Amabili

Si Amnistie parle de toi jeune fille aux yeux verts
C’est qu’on a dépouillé ton cœur et déposé l’enfer
Dans ton corps mille fois privé, on perpétue le mal
Et le conflit se continue comme s’il était normal

Lire la suite du poème

___

Un partage de Féa sur la place du « féminin » dans nos vies, que l’on soit une femme ou un homme…

Au sujet de l’appel pour l’élimination de la violence faite à l’égard des femmes, il me semble que nous pourrions dire : « pour l’élimination de la violence faite à l’égard du féminin »… parce que le féminin est souvent agressé bien avant que ne le soit la femme, et non seulement par l’homme mais aussi par la femme elle-même.

Lire la suite dans notre section « Prise de parole »

_______

Invitation de Monique Hamelin à signer la pétition de la FFQ pour obtenir une commission itinérante… dans notre nouvelle page dédiée à la présentation de pétitions.

APPUYONS LA DEMANDE DE CRÉATION D’UNE COMMISSION QUÉBÉCOISE ITINÉRANTE SUR LA VIOLENCE SEXUELLE

___

« J´ai fait de la peine à ma mie
Elle qui ne m´en a point fait
Qu´il est difficile d´aimer… »

Pourquoi ce refrain m’est-il venu en tête dès l’instant où j’ai mis mon pied hors du lit? Serait-ce parce que dans les journaux et sur le web, on entend sans cesse des histoires où les relations humaines ont été déloyales, où les escroqueries se sont faites alors que les détrousseurs regardaient franchement leur victime dans les yeux, se faisant souvent passer pour des amis intimes ou des professionnels honnêtes?

Peut-être aussi parce que tant de couples se font et se défont autour de moi et que les histoires du cœur finissent trop souvent sur un sol vallonné, tourmenté, laissant les protagonistes meurtris de différentes façons?

Lire la suite du « doux chagrin » de Rita Amabili, une réflexion vivante sur des paroles de Gilles Vigneault.

 ___

Un grand merci pour vos participations à cet appel, nous gardons ce thème ouvert, n’hésitez pas à nous envoyer d’autres partages!

accueil@antennesdepaix.org