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Dieu veut-il la violence? Non!

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Suite à la vague récente d’attentats, apparemment perpétrés au nom de Dieu, nous publions la belle réponse du théologien Jean-Marc Gauthier à la question que nous avions déjà posée en 2015, suite aux attentats de Paris :

Dieu veut-il vraiment la violence?

Non! Sûrement pas! Vraiment pas!

Que serait ce qu’on appelle « Dieu » si « Dieu » voulait la violence? Un terroriste de Haut-niveau? Nous avons assez de terroristes de bas-niveau pour nous encombrer d’un terroriste de Haut-niveau, pour justifier les terroristes de bas-niveau.

Il est terriblement triste et religieusement blasphématoire qu’on utilise le nom de « Dieu », dans quelque langue que ce soit (God, Allah, Deus, Theos… Dieu),  pour justifier nos violences non-assumées. Le problème des « sacrés humains » que nous sommes, c’est justement de vouloir sacraliser nos violences pour masquer que nous faisons, indûment, des victimes innocentes. On nous a mis dans la tête, en nous forçant le coeur, que nous étions des héros, des martyrs si nous faisions la guerre, si nous gagnions la guerre.

Mais gagner la guerre, c’est toujours perdre la paix. C’est ne rien gagner sinon le souvenir d’avoir été un héros guerrier. Un meurtrier sacralisé … en légitime défense… ou en illégitime attaque.

De la terreur…

Quand on a lancé des bombes nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki, en 1945,  en tuant des milliers de victimes innocentes, on n’a pas gagné la guerre, on a perdu la paix. On a tué des êtres humains, très réels, en chair et en os, des enfants, des femmes, des hommes. Comment être  véritablement en paix, après cela? Depuis que « la bombe » a gagné la guerre en tuant à outrance, on est entré dans le monde de l’équilibre de la terreur masqué en apparence de paix. La guerre froide. Depuis, la guerre froide s’est réchauffée en déséquilibre de la terreur. Dorénavant, la terreur en déséquilibre peut s’exprimer n’importe comment, n’importe quand, partout. Ce n’est plus Dieu qui est partout, c’est la terreur possible.

Si vous cherchez Dieu, le « Bon Dieu », vous ne le trouverez pas dans ces jeux de terreur déséquilibrée. Vous ne trouverez que des idoles en formation.

… aux idoles

Je cherche  encore le « Bon Dieu ». Ce n’est certes pas celui qui s’est manifesté à Paris quand on tuait des victimes innocentes en criant « Allah est grand », comme ce n’est pas celui qui va se manifester en Syrie quand on tuera des victimes innocentes, au milieu des guerriers, pour venger nos victimes innocentes.

Ce qu’on appelle « Dieu » est à la merci de ceux et celles qui croient en « Dieu » et qui parfois prennent son nom en vain.

On reconnaît un arbre à ses fruits. Si nous croyons à la violence et en faisons un projet sacré, nous faisons de « Dieu » un meurtrier insignifiant et insupportable. Une idole. Quand un jeune homme, à Paris, tuait en tirant à bout portant  en criant : « Dieu est grand », il ne rendait pas gloire à Dieu.  Il disait: « Dieu t’es mon idole » et il faisait de Dieu une idole blasphématoire. Le problème c’est qu’il ne savait pas ce qu’il faisait. – « Pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ».- Il croyait à la violence croyant croire en Dieu. Il ne croyait pas en l’Amour.

Du côté des victimes

Si nous croyons en l’Amour et en faisons un projet divinement vivifiant, nous faisons de « Dieu » le seul « Bon Dieu » que Dieu pourrait être.

Sinon « pas de Dieu » serait mieux. Mais est-ce que ce serait mieux?

À chaque jour, j’essaie encore de croire en l’Amour, ce qui aura toujours l’air d’être fragile quand la violence se prend pour Dieu. Mais je ne vois pas d’autre chemin signifiant et vivifiant. Divinement signifiant et vivifiant.

Si vous cherchez Dieu dans les querelles meurtrières qui tuent la beauté du monde, vous n’avez  de chance de trouver un « Creux de Divin » que bien caché du côté des victimes. Cette apparence de Dieu n’est pas éclatante.  On (Dieu) ne saurait vouloir ni apprécier la violence quand on en est victime. Tuer au nom de Dieu c’est un peu beaucoup tuer Dieu, s’il est vrai que Dieu est amour.

Jean-Marc Gauthier, théologien (à la retraite), Saint-Jérôme, Qc

Liens à consulter :

«Je veux répéter avec fermeté que la voie de la violence et de la haine ne résout pas les problèmes de l’humanité, et utiliser le nom de Dieu pour justifier cette voie est un blasphème» Pape François
http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Le-pape-denonce-comme-un-blaspheme-l-utilisation-du-nom-de-Dieu-pour-justifier-la-violence-2015-11-15-1380582

La guerre au nom de Dieu ?
http://www.lavie.fr/actualite/religions/la-guerre-au-nom-de-dieu-06-01-2016-69580_395.php

Une violence divine ?
http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/12/27/une-violence-divine_4838378_3232.html

La religion mène-t-elle à la violence ?
http://www.lactualite.com/politique/le-blogue-politique/la-religion-mene-t-elle-a-la-violence/

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Affirmer la paix Paix entre les religions

Affirmer la paix, malgré la violence

 Tout un vol mouvementé pour la colombe de la paix en ce mois de novembre 2015!
(Cliquer pour visionner et ouvrez vos hauts parleurs pour entendre la bande sonore)

Ce court message présente un bref survol des évènements marquants de ce mois en  quelques phrases-clés prises sur les médias et réseaux sociaux.

Partage de réflexions pour la paix

Nous publions un dossier spécial de partage, à la suite de la vague d’attentats, à Beyrouth, à Paris, à Bamako et à Tunis. Ce dossier inclut les  réponses à nos questions sur la violence perpétrée au nom de Dieu et sur l’appel à la paix entre les religions.

Lire le dossier complet « Affirmer la paix, malgré la violence »
https://antennesdepaix.org/affirmer-la-paix-malgre-la-violence/

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Ci-dessous quelques extraits du partage de réflexions, de prises de parole, de témoignages et de commentaires pour la paix.

Prises de parole pour la paix

…dans la presse

Fabrice Hadjadj : Nous voulions non pas la paix qu’on fait, mais celle qu’on nous fiche, peu importe à quel prix de dévastations, de « dégâts collatéraux ». ….il est normal, quand on refuse ce combat pour la justice, que notre paix apparente nous saute à la figure.

Jean-Claude Guillebaud : …quelle que soit sa nature, il nous faut réapprendre à penser la guerre sans céder à la panique. Notre vraie réponse aux terroristes sera de ne plus jamais être « terrorisés ».

Josée Blanchette : Père Noël, en cette année qui s’achève, et qui a bien mal commencé de toute façon, j’aimerais vous demander un peu plus de tolérance, des bas de Noël pour tout le monde, pas seulement pour les fortunés, une autre planète tant qu’à faire, parce que celle-ci, on l’a bien amochée…

 Olivier Kemeid : …moi qui ai longtemps cru que la terreur qui a poussé ma famille à s’exiler était en grande partie responsable de ma naissance, sais aujourd’hui, et m’y raccroche comme on s’accroche à une planche de salut dans cet océan d’horreur, que c’est l’amour et tout ce qui peut nous rapprocher comme êtres humains, par-delà nos différences culturelles, qui m’a fait naître.

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Notre invitée

Pascale Frémond, présidente de Religions pour la Paix, signe un article intitulé L’illégitimité de la violence :

Or il se trouve que cette guerre sainte dont parlait le prophète de l’Islam concernait en premier lieu le combat intérieur que chacun est appelé à mener contre ses propres penchants de haine, d’égoïsme et de séparativité. Ce djihad par le cœur incite les musulmans à faire un effort dans le chemin de Dieu, à combattre leurs propres faiblesses pour s’améliorer et améliorer la société. (…) Puisque cette « guerre sainte » est d’abord à mener en soi-même, qu’est-ce qui pousse certains individus et groupes à la négliger pour lui préférer une guerre contre tous ceux qui ne croient pas dans ce qu’ils considèrent LA religion?

Notre éditorial

L’éditorial de Gisèle Turcot : Mais pourquoi ces convulsions qui secouent nos villes? Pourquoi ces explosions de rage et de haine ciblant des civils? Jusqu’où ira cet effroyable dévoiement qui transforme des fillettes en kamikazes, après voir habillé en soldats des milliers d’enfants? (…) Nous assistons à des convulsions volcaniques qui crachent des humains sur les routes. Qu’y a-t-il dans les entrailles de la terre en ce XXIe siècle pour provoquer tant de rejets? Se pourrait-il que les fondations de notre univers soient ébranlées par la danse macabre des trafiquants d’armes?

Lire les prises de parole dans notre dossier.

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Messages

Conseil œcuménique des Églises : Nous ne pouvons accepter qu’une telle atrocité terroriste soit justifiée par le nom de Dieu ou par quelque religion que ce soit, et nous ne l’acceptons pas. La violence commise au nom de la religion est une violence perpétrée contre la religion.

(…) Ne laissons pas ces événements flétrir notre attention et notre hospitalité à l’égard de celles et ceux qui fuient la violence et l’oppression.

Pape François : Je veux réaffirmer avec vigueur que la voie de la violence et de la haine ne résout pas les problèmes de l’humanité. Utiliser le nom de Dieu pour justifier cette voie est un blasphème !

Extrait du communiqué de Pax Christi International : Utiliser la violence armée demeure un moyen facile pour se venger, se justifier en prétendant que c’est le meilleur moyen de résoudre les conflits sanglants en cours, et le proposer aux citoyens comme unique source de sécurité.
(…) Jusqu’à présent, les fusils ne nous ont pas permis d’éradiquer l’extrémisme violent; les institutions étatiques doivent se montrer beaucoup plus créatives et transparentes pour trouver des façons de faire, tout en s’appuyant sur des réponses déjà développées par les organisations de la société civile.

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Lire tous les témoignages, hommages et commentaires reçus à la suite des attentats de Paris et des questions que nous avons posées sur le site.
https://antennesdepaix.org/affirmer-la-paix-malgre-la-violence/

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Journée internationale de la tolérance

Appel à la tolérance

appel-tolerance-wbC’est notre premier appel de participation sur un thème, merci à toutes les personnes qui nous ont répondu!

Nous vous livrons ci-dessous une première partie de cette belle récolte de commentaires, témoignages, messages et prières reçus en réponse à notre appel sur la tolérance, Lire aussi le vibrant appel à la tolérance pour Asia Bibi en bas de page.

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La deuxième partie de l’appel à la tolérance, un dossier sur le sujet, est maintenant en ligne, cliquer ici pour y avoir accès.

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Nous vous envoyons cette première partie dans sa version intégrale. Pour partager ou imprimer, ouvrir et sauvegarder le fichier pdf en cliquant le lien ci-dessous.

Appel à la tolérance-2014

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Pour moi, vivre dans la tolérance nous demande d’aller au-delà des jugements qui sont tellement innés et gratuits qu’ils sont souvent tout à fait inconscients.

Être tolérant, ça demande de s’oublier, de se tourner complètement vers l’autre pour le voir vraiment, pour l’entendre, pour l’observer sans idée préconçue et sans arriver à aucune conclusion.

Ça demande de s’exposer à ce qui est inconnu, ce qui est autre, avec une ouverture de cœur et d’esprit qui permet d’accueillir, d’accepter, et même, d’aimer.

Vivre cet esprit de tolérance, c’est s’effacer pour mieux découvrir ce qui nous entoure déjà ; c’est se libérer de la prison du « moi » pour se rendre compte que dans l’accueil sincère de l’autre, il existe non seulement un « toi » mais un « nous », qui, en faisant tomber toute barrière, ouvre la porte à un sentiment de fraternité qui dissout la solitude et nous remplit de joie.

Colette

peche-non-pecheurMême dans mes moments les plus sombres, dans mes comportements les plus aberrants de ma vie, j’ai fais du mieux que j’ai pu, avec ce que j’avais comme bagage et là où j’en étais rendu dans ma croissance et mes croyances du moment.

Tout le monde, sans exception, fait du mieux qu’il peut, là maintenant, avec son propre bagage et là où il en est. Je n’ai donc d’autre choix que de tolérer tout comportement aberrant, sachant très bien que tout comme dans mon cas, il prend sa source dans une souffrance profonde. C’est d’ailleurs elle qui doit être adressée.

Condamner le péché, non le pécheur.

Christian

Note : Christian Gosselin est fondateur d’un tout nouvel organisme communautaire œuvrant auprès des personnes en situation d’itinérance et/ou d’exclusion sociale. Cet organisme publiera en 2015 un journal de rue comme il en existe à Montréal (L’Itinéraire), à Québec (La Quête) et partout ailleurs dans le monde. Christian a connu une route sinueuse par son alcoolisme, chemin qui l’aura mené jusqu’à l’itinérance à trois reprises. Sobre depuis quatre ans, il a obtenu un diplôme en technique de travail social en avril dernier, une réorientation professionnelle qui a pour but d’être disponible à quiconque en situation précaire tend la main en quête d’aide. Un exemple vivant du fait qu’il est possible de retrouver espoir, foi et sa raison d’être.

……

pas-un-motDans une autre vie, j’avais une belle carrière et une vie sociale très bien remplie dans les milieux de la culture et les arts, des amis, de la famille. Un jour, la dépression est apparue dans ma vie et tout a chaviré. Plus de carrière, plus d’amis, plus d’activités sociales, même les quelques liens familiaux sont disparus. Pas un téléphone, pas un mot… juste comme si je n’avais jamais existé dans leur vie.

Je crois que les gens aujourd’hui ne sont pas très tolérants envers les changements importants, ils ne savent pas comment s’adapter à la nouvelle personne en face d’eux. Et malheureusement, pour la personne nouvellement dépressive, cet isolement causé par l’éloignement des êtres qui constituent le noyau de sa vie devient un rejet et une autre cause de dépression.

Eda

Hier en marchant dans la forêt,  je réfléchissais aux divers visages que pouvait prendre la tolérance. C’est en posant les yeux sur le chien qui m’accompagnait dans ma promenade que me sont tout à coup venues à l’esprit des histoires –  lues et entendues – sur des mamans animales ayant accueilli  et allaité un petit égaré, abandonné ou orphelin, parfois d’une race tout à fait différente de la leur.

Ces histoires simples sont à la fois inspirantes et porteuses d’espoir. J’aime croire que l’être humain a également,  quelque part en lui,  la capacité de donner et  d’accueillir généreusement, spontanément, sans se soucier de la différence.

Mireille

dieu-couturier

À côté de l’intolérance et de la froideur en chacun de nous, il y a aussi cette petite voix qui souffle le chaud de la bonté. Comme s’il y avait des morceaux de tissu disponibles pour fabriquer une grande courtepointe de miséricorde. Seul le Dieu miséricordieux pourrait agiter cette courtepointe et la rendre assez attrayante pour qu’un leader se lève et s’en serve comme d’un étendard. Le Dieu couturier, le Dieu tisserand, qui tisse des liens pour rassembler les morceaux du tissu, saura faire du neuf avec le cœur des humains, dans chaque peuple, dans chaque cour de justice, entre le frère et la sœur.

Gisèle

indifference

Seigneur Dieu de Vérité et d’Amour, se pourrait-il que notre tolérance emprunte parfois des chemins qui la détournent de sa finalité profonde?

Sans cesse tu renouvelles nos pas, tu élargis nos horizons pour que la tolérance devienne chemin d’accueil jamais accompli de ma sœur, de mon frère en humanité…

Dans les faits pourtant, il arrive Seigneur, qu’il y ait par moments apparence de tolérance là où sous prétexte de ne pas juger, l’on refuse de se fier à son propre jugement…

Tu nous as donné en prime à notre venue en ce monde, la capacité de distinguer le bien du mal…

Or Seigneur, lorsque nous ne les distinguons plus l’un de l’autre, nous ne sommes pas loin de banaliser le mal…

Et alors Seigneur, nous vivons dans le mensonge: celui d’une tolérance qui cache cette terrible indifférence à l’égard d’autrui : on se balance carrément de ce que l’autre traverse, pense ou fait …

Serions-nous parfois dans une sorte d’anesthésie de l’âme, celle qui ouvre la porte à toutes sortes d’exploitations, pouvant aller même jusqu’à la barbarie?

Accorde-nous, Seigneur une profonde et authentique justesse d’âme; délivre-nous d’une pseudo-liberté qui se justifie elle-même dans l’arbitraire et la violence.

Amen!

Marie-Hélène

faites-pour-les-autresSeigneur, je t’en prie, ouvre nos cœurs à Ton Amour qui seul nous guérit de nos divisions.

Ce que nous ne pouvons réaliser de nous-mêmes, sans Toi, nous le pouvons par Toi, avec Toi et en Toi.

Affermis en nous la foi en l’incarnation de Ton Amour… car si la foi véritable est une grâce offerte en nos mains ouvertes… son agir est entre nos mains à l’œuvre.

Dans notre monde déchiré par ses nombreux conflits, on en vient souvent à reléguer la foi au rang d’une croyance intégriste, pour ensuite l’accuser d’être à la source de toutes nos guerres… comme si notre confiance et notre adhérence en Toi pouvaient agir contre Ton Amour.

Alors je t’en supplie, aide-nous à reconnaitre et à déloger en nous-mêmes tout ce qui est de l’ordre du non-amour, car comment guérir notre monde de son intolérance tant que sa graine est encore enracinée dans nos profondeurs.

Que nous mettions en pratique ces paroles que tu nous as données :

« Faites donc pour les autres tout ce que vous voulez qu’on fasse pour vous »

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même »

« Veillez et priez sans cesse »

Amen

Fea

Merci aux « antennes de paix » de venir sonner aux portes de nos chambres intimes afin que nous donnions asile, attention, parole, temps et reconnaissance aux personnes aveuglément désignées pour subir prison, dénuement, torture, extrême solitude. Merci de nous mettre face aux faits, de nous empêcher de prendre la pente de l’oubli, de l’indifférence, du sommeil.

La prière qui m’est suggérée demande que la tolérance (état instable dénué d’amour et non dénué de jugement, de préférence, de « quant à soi ») trouve son achèvement dans la fraternité (état stable doué d’amour et de justice) comme la rivière meurt dans la mer:

« La tolérance est un moment provisoire. Elle permet à ceux qui ne s’aiment pas de se supporter mutuellement, en attendant de pouvoir s’aimer. »  Vladimir Jankélévitch

« L’amour et la tolérance sont la seule réponse au problème de la vie. Ce précepte, très simple, et infiniment difficile à appliquer, peut être accepté, compris par quiconque, croyant ou non-croyant. C’est la seule voie. »  Anthony Borgess

Anne

Appel à la tolérance interreligieuse

Là où l’intolérance s’avère particulièrement douloureuse, c’est dans les relations interreligieuses. Lorsque la religion, qui littéralement devrait nous permettre de nous relier, à la fois à Dieu et entre nous, est détournée au profit de médisances, de condamnations aléatoires,  de comportements intolérants et d’exclusions, il s’ensuit d’importantes détresses et pertes de sens pour l’ensemble des communautés interpellées.

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Depuis le plus loin que je me souvienne, l’évocation de comportements d’intolérance et de violences injustifiées ont suscité en moi de profonds ressentis de consternation et de détresse. Comme si les fondations du monde s’écroulaient sous mes pieds, laissant apparaître un immense gouffre béant d’une vie en perte de sens.

Des histoires d’intolérance, nous en entendons tous les jours, dans notre propre cour comme chez nos voisins. L’une des dernières, qui a été peu médiatisée, est l’histoire de ce couple qui a été battu et jeté vivant dans un four à briques par la population d’un village, suite à des allégations d’un  seul homme selon lesquelles la femme aurait brûlé de vieux papiers appartenant à son Beau-Père décédé.

Aucun  motif de condamnation a priori, sauf que, selon les dires de l’homme, parmi ces vieux papiers se seraient retrouvés des pages du Coran.

Peu importe le pays et les circonstances, cette histoire est vieille comme le monde. Elle n’a malheureusement pas l’apanage d’appartenir à un peuple, à un pays, à une culture ou à une religion, elle appartient à l’ensemble de l’humanité.

Une humanité en proie au mal dans ses propres fibres, et qui périodiquement tente d’éradiquer ce mal en supprimant, en brûlant ou en crucifiant un bouc émissaire.

Pourquoi cette persistance incontrôlable de l’être humain à voir la source du mal en son prochain plutôt qu’en lui-même?

Quand allons-nous sortir de cette grande inquisition, de ce sombre tribunal, de cette épouvantable chasse aux sorcières pour calmement dénouer l’imposture du mal et de l’intolérance dans notre propre cœur?

Quand cesserons-nous de projeter ce qui est à éliminer ou à transformer en nous, sur le plus vulnérable et démuni, sur l’innocent, sur l’handicapé, sur l’agneau qui ne peut se défendre? Comme il est facile de barbouiller l’écran vierge de la personne faible, muette ou étrangère au moyen de la palette sauvage de nos propres égarements, dysfonctions, insuffisances et malveillances !

Et jusqu’où ira cette propension à vouloir éliminer des peuples entiers dans l’espoir insensé de purifier une collectivité?

Il faut croire que notre regard, en tant qu’humanité, continue à être profondément affecté par ce qui le voile, l’obscurcit et le divise. Cela prend beaucoup de compassion et de tolérance intérieure pour en prendre conscience. Les authentiques « combattants » l’ont souvent évoqué, la véritable guerre sainte, le vrai djihad contre l’infidèle, ne demande-t-il pas à être d’abord intérieur? N’avons-nous pas en tout premier à « combattre » notre propre infidélité à ce que nous sommes réellement : les enfants de Celui auquel l’ensemble des religions attribuent une qualité fondamentale, la miséricorde?

Ayons du cœur pour notre propre misère spirituelle et cessons de chercher la racine du mal et de l’infidélité dans le champ de notre voisin!

Anémone

Appel de médiation pour la paix
entre les communautés religieuses au Pakistan

Nous nous permettons, dans le cadre de notre appel pour la tolérance, de soumettre à vos prières la situation explosive suite aux montées de tensions interreligieuses au Pakistan.

Cet affrontement s’est polarisé avec force autour du cas d’Asia Bibi, cette chrétienne, mère de cinq enfants, condamnée à mort pour blasphème et emprisonnée depuis 2009.

Asia Bibi nie avoir commis un blasphème et déclare qu’elle est simplement victime du harcèlement et de la discrimination dont sont couramment victimes les chrétiens au Pakistan.

Tout aurait débuté parce que des femmes de son village, deux sœurs, auraient reproché à Asia Bibi d’avoir bu de l’eau du puits commun en utilisant la même timbale que ses compagnes musulmanes, ce qui aurait rendu l’eau du puits commun impur.

À la suite de quoi un échange verbal s’est ensuivi, durant lequel Asia osa demander ce que le prophète Mahomet avait fait pour ces femmes alors que Jésus-Christ était mort sur la croix pour l’humanité. Indignées, les sœurs allèrent se plaindre à l’imam du village. Peu après, Asia et sa famille se sont fait battre par des villageois, avant que la police n’intervienne, à la fois pour protéger Asia Bibi et pour l’inculper.

(Suivre les liens au bas de l’article pour plus de détails sur la situation précaire d’Asia Bibi, emprisonnée dans des conditions inhumaines.)

L’affaire est très médiatisée au Pakistan et dans le reste du monde. Elle suscite de vives tensions entre les communautés religieuses et les autorités.

En 2011, le gouverneur du Pendjab Salman Taseer et le ministre fédéral des affaires religieuses Shahbaz Bhatti, qui avaient pris position en faveur d’Asia Bibi, ont été assassinés.

Aujourd’hui, il ne reste plus que trois jours à Asia Bibi pour faire appel de sa condamnation devant la cour suprême. Mais, pour cela, il faut qu’un juge s’empare du dossier, ce qui est peu probable parce qu’il signerait ainsi son arrêt de mort.

La seule option réside dans la grâce présidentielle obtenue au moyen d’une forte pression internationale, ce qui pourrait toutefois conduire à de violents affrontements au pays. À ce jour plus de deux millions de personnes auraient signé les différentes pétitions en cours.

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Une chose est certaine, au Pakistan cette affaire ne ressort plus de la justice sociale et humaine. La condamnation à mort d’Asia Bibi et son éventuelle exécution sont devenues un symbole, l’enjeu d’une lutte de pouvoir dans laquelle s’affrontent des questions de principes, de grands mouvements identitaires et des pouvoirs politiques.

L’affaire dépasse complètement la personne d’Asia, qui elle, n’en ressent que plus de solitude, d’où son ultime cri du coeur : «Maintenant que vous me connaissez, racontez ce qui m’est arrivé autour de vous. Faites-le savoir. Je crois que c’est ma seule chance de ne pas mourir au fond de ce cachot. J’ai besoin de vous! Sauvez-moi!»

C’est le cri de chaque détresse et chaque solitude lorsque la personne même a été oubliée au profit de grands idéaux et luttes de pouvoir.

Appel à la médiation

Comme dans tout conflit, comment aller au-delà des clivages et prises de parti et tenter une forme de médiation, ne fût-ce que pour nous-mêmes, afin de nous ouvrir à d’autres perspectives et façons de voir?

Comment dresser un pont de paix plutôt que de consolider des murs qui nous aveuglent? Ces murs de l’incompréhension qui sont à l’origine de toutes les guerres et qui perpétuent parfois celles-ci sur des générations.

Il est dit qu’un simple battement d’aile de papillon peut être à l’origine d’un ouragan. Dans ce cas-ci, quelques simples paroles échangées par trois femmes autour d’un puits se sont transformées en un immense rapport de force qui secoue les opinions publiques à l’échelle internationale.

Comment approfondir le sujet sans nourrir les rivalités?

Le dossier devient tellement brûlant au Pakistan que plus personne n’ose parler ou prendre position par peur de représailles.

Faut-il vraiment qu’une pauvre paysanne illettrée soit sacrifiée sur l’autel des affrontements religio-politiques pour que nous prenions conscience des immenses manques de compréhension qui subsistent entre les peuples et communautés? Car si la question du blasphème relève du religieux, le rapport de force est devenu avant tout politique.

Nous devrions peut-être nous demander en tout premier quelle est la première raison d’être des préceptes religieux, sont-ils là pour nous guider afin de nous conduire hors de notre condition d’être humains « pécheurs » – c’est-à-dire dans l’erreur –  vers une autre dimension, ou existent-ils afin d’être utilisés pour justifier et magnifier les différends on ne peut plus terrestres entre les individus et les collectivités?

Peut-on encore une fois tenter de se mobiliser entre personnes de bonne volonté, de différentes cultures et religions ou non-religion, et d’explorer si, à notre petite échelle il est possible de s’entendre sur ce qui a priori nous apparaît comme étant irréconciliable?

Avez-vous quelques paroles de médiation, de réconciliation et de tolérance à nous partager à ce sujet?

accueil@antennesdepaix.org

Sources :

Deux articles bouleversants d’humanité par la chroniqueuse de La Presse Michèle Ouimet :

http://www.lapresse.ca/international/asie-oceanie/201105/30/01-4404103-le-blaspheme-qui-tue.php

http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/michele-ouimet/201106/25/01-4412463-moi-asia-bibi-blasphematrice.php

Autres articles :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Asia_Bibi

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/06/01/asia-bibi-chretienne-du-pakistan-condamnee-a-mort-pour-blaspheme_1530190_3216.html

http://www.acatfrance.fr/action/condamnation-a_mort_confirmee_pour_asia_bibi

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1277265-asia-bibi-condamnee-a-mort-j-ai-ete-sa-plume-je-veux-faire-reagir-le-monde-entier.html

http://www.oikoumene.org/fr/press-centre/news/concern-over-recent-developments-in-pakistan2019s-asia-bibi-case

Liens pour les sites de pétition en ligne pour sauver Asia Bibi :

En français :

https://www.change.org/p/annulez-la-peine-de-mort-pour-asiabibi

http://www.acatfrance.fr/action/condamnation-a_mort_confirmee_pour_asia_bibi

En anglais :

http://www.thepetitionsite.com/413/030/470/save-asia-bibi-petition/

https://www.facebook.com/pages/Save-Asia-Bibi-Petition/154908417886823

http://saveasiabibi.com/

Vous pouvez également participer à l’opération « Un verre d’eau pour Asia Bibi ». L’idée est de se faire photographier avec un verre d’eau à la main – objet du délit d’Asia Bibi – et de le publier Twitter #FreeAsiaBibi.

Un commentaire reçu s’adressant à Asia Bibi :

Lettre à Asia Bibi,

Je ne t’ai jamais rencontrée. Tu aurais pu, comme les innombrables personnes évoquées dans les médias et sur la toile, ne rester pour moi qu’un nom, qu’une image virtuelle.

Cependant, je ne peux t’oublier, je ne peux te chasser de mon cœur.

J’ai pourtant l’habitude de me débarrasser de ce qui ne m’arrange pas, d’expulser ce qui évoque pour moi un mauvais souvenir, de me libérer de ce qui encombre le bien-être de ma maison.

Et je n’aime pas m’encombrer d’expériences négatives. Je préfère évacuer de ma mémoire toutes les histoires d’injustices qui parcourent notre monde. J’ai été curieuse de savoir qui tu étais, après quoi je pensais pouvoir classer cette sombre affaire dans une de mes nombreuses oubliettes.

Tu t’es invitée à mon insu. Moi qui croyais vivre seule et libre de tout attachement, voilà que je te découvre ici et là dans mon salon, grelottante et recroquevillée, comme tu dois l’être à même le sol humide de ta sombre prison.

Comment se fait-il, ma sœur, que tu sois devenue le pivot d’un tel rapport de force, d’un  tel conflit? Comment se fait-il que tant de personnes, sans même te connaître, toi qui n’as ni volé ni tué, réclament à hauts cris ta mort, alors que d’autres se mobilisent dans le monde entier pour demander ta libération?

Personne n’aime se faire accuser, personne n’aime la médisance, personne n’aime être victime d’injustice. Alors pourquoi toutes ces foules qui t’accusent avec haine et acharnement, comme jamais ils ne l’ont fait pour le pire des meurtriers? Cherchent-ils à tuer en ton pauvre corps, en ta chair tremblante, ce qu’ils voudraient éradiquer en eux-mêmes?

Pardonne-moi, ma sœur, je sais que je suis partie prenante de ce jeu-là. Combien de fois me-suis-je permise de juger aléatoirement les individus dont l’histoire m’a été rapportée, sans chercher à savoir ce qu’il en était véritablement.

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Je regarde tes yeux, mon amie, et il me vient ce désir irrépressible de te prendre dans les bras et de t’arracher de force de ta prison.  Je rêve de devenir comme ces super héros à qui rien ne peut résister.

Mais quelle tristesse, quelle impuissance, et combien de fleuves de larmes cela prendra-t-il pour laver cette imposture?

Une petite sœur dans l’âme

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Lire notre dossier sur la tolérance, regroupant des liens, initiatives témoignages et infos.

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Ebola

Ebola, au-delà de la peur, la solidarité

«La peur et l’isolement ne sont pas une option »

Christos Stylianides, coordinateur de l’Union européenne
contre Ebola  (à propos du retour des humanitaires)

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L’épidémie d’Ebola a déjà atteint des milliers de vies. On craint sa progression. Les milieux de la santé, les organisations humanitaires se mobilisent. Même si cela se passe au loin, nous laisserons-nous toucher par tant de vies bouleversées?  Le bulletin de cette semaine ouvre un espace de compassion envers les victimes, mais aussi un espace de gratitude admirative pour tous ceux et celles qui, par devoir ou dans un mouvement de compassion, sont engagés dans la lutte contre ce virus mortel.

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Note : les illustrations de cet appel à la paix sont tous inspirées de photos trouvées sur le web, en particulier de Médecins sans-frontière. Nous remercions les photographes ainsi que les sujets apparaissant sur les photos de nous avoir sensibilisés au vécu des populations et des soignants sur le terrain!

 Dans notre dossier cette semaine :

  • Lire les récentes statistiques à propos d’Ebola
  • Ebola, un virus mortel, pourquoi?
  • Les visages de la solidarité  
  • Avec les soignants et les travailleurs humanitaires

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« Les travailleurs de la santé qui soignent les malades infectés par le virus de l’Ebola sont des héros. Ce terme, trop souvent galvaudé, prend tout son sens avec eux. Héros: personne qui fait preuve d’un grand courage. »  Stéphane Laporte

« Ils ne devraient pas être stigmatisés pour leur dévouement altruiste. Nous avons besoin d’eux pour gagner cette bataille. » Le secrétaire général des Nations unies dans la capitale éthiopienne. L’indispensable partage d’expertise et d’expérience entre les pays

  • L’exemple de la République Démocratique du Congo (RDC)
  • L’importante contribution de Cuba
  • Participations de l’Union européenne et du Canada
  • Les communautés chrétiennes font leur part
  • Une réponse citoyenne exceptionnelle à l’Appel de Avaaz
  • Médecins Sans Frontières joue un rôle irremplaçable dans la gestion des laboratoires créés de toutes pièces en Afrique de l’Ouest.

Lire les détails dans notre dossier

temoignages

La compassion, mère de la solidarité

Lorsque Jonathan Enders constate que rien n’est organisé pour leurs repas, il demande à trois voisines de prendre en charge bénévolement la cuisine de l’école, puis il invite des amis à apporter de la nourriture ou à payer les achats.

L’engagement d’une journaliste dans la mêlée

« … couvrir l’Ebola est une mission immensément stressante, car il faut gérer des perceptions et des peurs bien réelles, à commencer par les nôtres. Quand on choisit d’aller en zones à risque, la peur fait partie de l’affectation » Sophie Langlois

Témoignage d’un père

 « Mon fils est le 1 000e survivant d’Ebola chez Médecins sans frontières »
« De l’autre côté de la clôture, j’ai vu James dans le centre de soins, et je lui ai crié : « Mon fils, tu es mon seul espoir. Tu dois être courageux. Tu dois prendre tous les médicaments qu’ils te donnent. » Il m’a répondu : « Papa, je comprends. Je le ferai. Arrête de pleurer, Papa, je ne vais pas mourir. Je survivrai à Ebola. Mes sœurs sont parties mais moi, je survivrai et tu seras fier de moi. »

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Contrer la stigmatisation

« Je suis une Libérienne, pas un virus .» Une campagne sur Internet veut lutter contre la panique liée à Ebola et la stigmatisation dont sont victimes certains afro-américains aux États-Unis.

Lire la suite, les sources et articles dans notre dossier

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« Le virus Ébola a déclenché une crise humanitaire sans précédent là où notre univers est déjà mis à mal de tant de façons sur le continent africain… » Lire la suite de l’appel-prière reçu de Marie-Hélène Carette

Lire notre suggestion d’intention de prière pour les peuples menacés par Ebola

« Seigneur, toi qui aimes la justice et la paix, nous te prions
pour toutes les mères qui ont souffert de voir leurs filles et leurs fils morts, kidnappés, exilés ou disparus à cause des menaces des FARC. »
Lire la suite de la prière reçue de Maria-Teresa Zambrano Ruiz à propos du processus de paix en Colombie.

Une autre courte prière de Marie-Hélène Carette pour les Yazidis :

Père de la Vie, Dieu d’Amour,
en ces temps d’affrontement et d’exode de tant de peuples,
inspire-nous chaque jour de poser des gestes conscients d’accueil et d’ouverture,

en solidarité et communion avec les Yazidis nos frères et soeurs:
exposés au dénuement le plus total,
ils sont les crucifiés de notre temps. Amen

participez

Faites nous parvenir votre propre appel, message ou prière pour la paix, nous les joindrons à cet article!

accueil@antennesdepaix.org

Reçu de Marie-Hélène Carette : une réflexion prière sur les événements violents d’octobre à Ottawa et St-Jean-sur-Richelieu:

Les « mères d’octobre » sont désormais quatre à pleurer
les unes, un héros, les autres, un fils déboussolé…
Et combien d’autres en silence…
Ainsi nous arrive de tous côtés,
cette violence devenue irrépressible de « l’enfant-pour-soi »,
dit « enfant-roi »…

Lire la suite