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Imaginez des personnes ayant commis un crime grave, assises avec des personnes ayant subi un crime de même nature : c’est la justice réparatrice dans laquelle nous touchons du doigt que «l’irréparable » du crime peut devenir réparateur et pacifiant, même si un acte criminel laisse des cicatrices à vie! Nous y entendons des personnes dont le temple intérieur a été fracassé, meurtri. Oui, faire justice autrement que par l’unique punition est une avenue royale pour avancer et se reconstruire suite à un crime commis ou subi. Un chemin réparateur se fait. Le temple intérieur se reconstruit. Ça demande du temps.
Des rencontres réparatrices
Ces rencontres font tomber nos préjugés face aux personnes judiciarisées et mieux saisir l’impact du crime sur les victimes. Elles favorisent une vraie justice où personnes victimes et offenseurs ont le temps de dire, dans un climat de respect, ce qu’elles ont vécu, les conséquences du crime pour l’un et l’autre. Sachons que les offenseurs ont, les ¾ du temps, vécu beaucoup de violence et d’abus eux-mêmes. Ça n’excuse pas le crime, mais nous réalisons à quel point la violence engendre la violence.
Rencontres bouleversantes. Émerveillement devant la grandeur des personnes qui osent la rencontre pour retrouver le goût de vivre! Sont participants également des membres de la collectivité parce que le crime nous concerne tous. Ça pourrait toucher notre voisin, nos ami-es, quelqu’un de notre famille.
Vivre un crime, c’est une catastrophe. Offenseurs et victimes vivent un véritable tremblement de terre intérieurement et extérieurement, comme si tout s’écroulait en elles et autour d’elles. Mais ce n’est pas la fin de tout. Les personnes victimes font l’expérience d’un relèvement alors qu’elles pensaient leur vie finie! Les personnes criminelles entament une nouvelle manière de vivre.
L’épicentre du tremblement
Par le crime, la santé mentale en prend un sacré coup dans les familles, chez les amis, les voisins des victimes et des offenseurs, hommes, femmes et enfants. Également au plan social, créant un climat d’insécurité, une profonde meurtrissure. Dépression, perte d’estime de soi, insomnie, honte, culpabilité qui ronge, rage dévastatrice, déni, stress, anxiété, symptômes physiques, incapacité de travailler : le crime fait du gâchis!
Espérance
En justice réparatrice des étapes guérissantes se vivent, ayant un impact sur les personnes proches des offenseurs et des victimes. Impact aussi sur le mieux-vivre en société. Les personnes reconnectent avec leur temple intérieur, leur force intime. Les offenseurs et les victimes, qui ont tant reçu à travers leur démarche, très souvent redonnent à leur tour en s’impliquant bénévolement dans ce réseau de justice réparatrice. Une belle épidémie de générosité!
On ne peut imaginer ce que produit de libération chez les victimes l’expérience d’être reconnues dans ce qu’elles ont vécu, par des offenseurs en face d’elles. Ces individus sortent du statut de « victimes » pour devenir des personnes. On ne peut imaginer ce que cela produit chez les offenseurs, de rencontrer des personnes victimes bien concrètes en écoutant l’impact du crime dans leur vie. Ces personnes « criminelles » se responsabilisent au lieu de demeurer dans la culpabilité et le déni.
L’évangile ne dit-il pas : la vérité vous rendra libre?
Remercions ces personnes qui reconquièrent leur dignité par le travail intérieur qu’elles accomplissent avec courage et humilité, notamment grâce aux rencontres réparatrices.
Lucie Gravel, présidente de l’Aumônerie communautaire de Montréal
8 décembre 2019
Courriel : mar.lu@videotron.ca
La mission de l’Aumônerie:
Contribuer à la réinsertion sociale des personnes ex-détenues, à leur guérison ainsi qu’à celle de leurs victimes dans la perspective de la justice réparatrice.
Pour en savoir plus ou offrir une contribution bénévole :
Courriel: acmontreal@hotmail.com