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Visages et rencontres au-delà des frontières

Pourquoi avoir parcouru tout ce chemin si toi tu n’y es pas?

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Illustration réalisée d’après une photo de Kate Holt publiée par le Comité international de la Croix-Rouge à l’occasion de la Journée internationale des réfugiés. https://www.icrc.org/fr/document/world-refugee-day-2015

Sous le regard de l’enfant migrant

Dans la série : Visages et rencontres au-delà des frontières,

 

C’est vrai, je regardais ailleurs.

Je voyais les statistiques, les politiques internationales et l’ampleur du mouvement des populations en marche sur les chemins. J’entendais les débats enflammés sur le devoir d’asile ou l’urgence de protéger nos frontières.

Mais toi, l’enfant migrant, je ne te voyais pas. Ou plutôt je te voyais du coin de l’œil, de dos, anonyme perdu dans la foule des personnes s’accrochant au navire en train de chavirer.

Et surtout, je n’avais pas vu ton regard. Je n’avais pas vu que tu étais toi-même en train de me scruter depuis un certain temps. De ce regard vulnérable mais patient qui me répétait :

« Pourquoi avoir parcouru tout ce chemin, pourquoi suis-je venu jusqu’ici, si toi, tu n’y es pas, si toi tu n’es pas au rendez-vous? »

Tu attendais avec anxiété que je te voie, que je te reconnaisse. Et moi, le regard tourné ailleurs, je t’ignorais.

Pardonne-moi, je m’étais pourtant promis de ne plus t’oublier, toi le laissé pour compte, l’exilé, le mis de côté. Quand vais-je me décider à me préoccuper de l’essentiel? Non des idées et des peurs qui déchirent le monde, mais bien de toi, présent, juste là, ici, toi qui attends encore un signe de mon cœur.

Dessin et texte de manu

 

Cet enfant migrant…

Il s’excuse presque d’être là, nous interrogeant avec douceur mais droit dans les yeux. Il vient de nuit frapper à notre porte, avec son cœur plus qu’avec ses poings car on ne voit même pas ses mains. Espérons que sa réserve, sa supplication ne se retourne en violence, faute de secours. Quel message de l’artiste… ou plutôt ce que je perçois en découvrant son œuvre.

Un enfant migrant. Il s’excuse presque d’être là. Dissimulé sous ce drap, cherche-t-il un abri? Un proche? Il n’a que des yeux. Je ne suis pas sûre de pouvoir soutenir son regard. Ou ses questions du genre pourquoi le monde est ainsi fait? Suis-je prête à entendre sa question? A-t-il simplement envie de jouer ou de se retrouver dans mes bras?

Si je le reçois chez moi, chez nous, je crains qu’un jour il ne reparte sans se retourner pour dire adieu ou merci. Si je lui refuse l’hospitalité, je crains que sa supplication ne se retourne en violence. La dureté de cœur s’installe trop facilement dans l’expérience du rejet.

Qui de nous deux a le plus besoin d’être rassuré?

À son âge, il n’est pas normal de perdre son foyer. Quelles peurs a-t-il traversées? Quelles nuits a-t-il passé sur les routes de l’exil? A-t-il voyagé seul comme des centaines de mineurs non accompagnés qui arrivent aux frontières, exposés à tous les commerces et dangers?

Ce que je sais, c’est qu’il a besoin de sécurité pour grandir et se développer comme tout être humain.

Noirceur rime avec peur. À la faveur du matin clair, mes peurs se dénouent. Tout à coup mon cœur bat pour lui, pour ses parents invisibles, peut-être introuvables, disparus. La confiance renaît et avec elle un sentiment d’admiration pour lui ou pour elle, pour celles et ceux qui l’ont mené jusqu’ici. Pour ses parents qui ont décidé que, à cause de leur enfant, il valait la peine de tout risquer.

Viens, viens rassasier ton cœur de l’amour dont tu auras besoin encore longtemps pour aller au bout de ton chemin.

Tu as déjà fait de grandes choses en prenant le risque de partir, le risque de venir. Au fond, toi, l’enfant migrant, tu mérites le Prix du Public pour la Paix pour ton courage, ton endurance, et pour les joies que tu sèmes quand tu es enjoué. Alors tu aides les grands à vivre au présent.

Témoignage de Gisèle

Visages et rencontres au-delà des frontières

Nous inaugurons aujourd’hui une série de portraits sans frontières, de rencontres cœur à cœur avec des personnes de notre grande famille humaine. En s’inspirant de photos diffusées sur le web, nous nous laissons interpeller par celle ou celui qui nous rappelle que sur notre planète se vit encore de la détresse, des conflits et des inégalités sociales. Une façon d’être à l’écoute des appels à une humanité plus solidaire et aimante. En prenant le temps de dessiner la personne rencontrée et d’écrire ce qui est porté à notre conscience par cette rencontre, nous tentons de sortir de la banalisation et de l’indifférence omniprésente dans notre culture surinformée. Surinformée mais sous-développée en véritable compassion et miséricorde. Vous êtes invités à joindre vos commentaires et témoignages.

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Peuples déracinés, déplacés, exilés

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Nous amorçons cette semaine la publication d’une série d’articles, de réflexions et de partages sur le thème du déracinement et de l’exil. Voici un aperçu de notre dossier Peuples déracinés, déplacés, exilés.

En décembre 2014, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour la protection des réfugiés (HCR) révélait que le nombre de personnes déplacées et réfugiées dans le monde avait atteint un sommet record depuis la Seconde Guerre mondiale, soit 51.2 millions de personnes. 

Les personnes déplacées transportent avec elles la douleur de savoir leurs propriétés dévastées, leurs communautés déchirées par des divisions politiques et religieuses qui vont laisser des traces pendant des décennies.

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Comment nous situer face à des exodes massifs? Quand une partie du corps souffre, c’est le corps de toute l’humanité qui est atteint.

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Déplacés à cause d’un conflit

par Gisèle Turcot

Pendant l’attaque israélienne dans la Bande de Gaza, à l’été 2014, environ 520,000 Palestiniens ont été déplacés; 485,000 ont eu besoin de recourir à l’aide alimentaire, 273,000 ont logé dans les écoles de l’ONU, 17,200 maisons des Gazaouis ont été totalement détruites ou sévèrement endommagées, et 37,650 résidences endommagées sont encore inhabitables.

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cinq ans après avoir obtenu le permis de construire sa maison, des fonctionnaires équipés d’un fusil frappent à la porte avec un avis d’éviction : « Vous avez quinze minutes pour ramasser vos affaires ». Salim est sorti dehors pour négocier un délai; son épouse enfermée dans la maison avec leurs sept enfants s’empresse de téléphoner aux voisins pour obtenir du renfort. Salim discute, résiste, on le malmène. Un fonctionnaire décide de lancer un projectile de gaz lacrymogène par la fenêtre. Un bulldozer arrive, conduit par un employé palestinien connu de la famille, ajoutant au malheur. Reconstruite peu après, la maison connut cinq autres démolitions.

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Le choix de la non-violence

Témoignage de Mary-Ellen Francoeur

Un vendredi, nous nous sommes joints aux Femmes en noir, ces Israéliennes qui, depuis la Guerre des six jours qui a marqué le début de l’occupation israélienne, se tiennent là tous les vendredis pendant une heure. Elles affichent des bannières portant l’inscription “Mettons fin à l’occupation”.  J’ai porté une grande bannière avec une amie musulmane canadienne. Une autre fois, nous nous sommes rendus sur les terres d’une famille palestinienne menacée par trois colonies israéliennes. 

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L’oppresseur opprimé 

par Rita Amabili

Pour son 10e anniversaire (2014), l’organisme « Breaking the Silence » (Briser le silence), a organisé à Tel Aviv une lecture publique de témoignages de près de mille soldats des Forces de défense israéliennes. Ceux-ci s’expriment sur leur culpabilité, leur honte et leurs agissements injustes et insoutenables envers les Palestiniens.

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Inadmissible même pour le soldat qui ne comprend pas toujours facilement qu’il doive rapporter devant son supérieur son quota ordinaire de «terroristes morts»; qu’il sera félicité toutes les fois où il se servira de la population sous occupation comme bouclier humain; qu’il est tenu de faire un usage abusif de la force à chaque moment où l’occasion se présente; d’utiliser l’humiliation et la provocation jusqu’à ce que certains citoyens excédés se mettent à lancer des pierres.

…alors il aura une raison de se défendre.

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 …

Lire aussi sur notre page Prières pour la paix, la prière avec les déracinés de ce monde de Marie-Hélène ainsi que la demande spéciale de prière pour le Soudan du sud.

Nous recherchons des prières de toutes les cultures et confessions religieuses.
Lire les prières publiées en 2014.
Visitez aussi la page des Intentions de prière spécialement conçue pour promouvoir la paix dans les paroisses.

Participez!

Nous recevrons avec gratitude vos commentaires sur ce thème du déracinement…
Écrivez-nous, offrez un témoignage, un récit, un poème, une prière en solidarité avec des expatriés, des réfugiés, des personnes qui ont perdu leurs repères suite à des conflits ou à des circonstances dramatiques.

Envoyez votre participation à
accueil@antennesdepaix.org

Prochains appels sur le thème du déracinement et de l’exil :

Les enfants dans les conflits armés

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Date de remise des textes et illustrations : lundi 16 février

Les réfugiés

Date de remise des textes et illustrations : lundi 23 février

(Illustrations : dessins-prière de Michel, Marie-France et Marie-Claude, réalisés d’après des photos d’actualité)

Joignez-vous à celles et ceux qui offrent une illustration en appel à la réconciliation et à la paix!