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Des enjeux de paix en temps de COVID-19

19 septembre 2020 au parc Jarry, Montréal

Combien parmi nous avons pensé que la déstabilisation est nécessaire pour un changement profond? Combien parmi nous avons demandé dans quelle mesure cette déstabilisation peut être jugée excessive. Combien de fois nous avons porté un regard méfiant ou indifférent à l’itinérant que nous avons croisé dans notre chemin parce qu’on était tout simplement occupés ou fermés dans nos pensées? Mais nous sommes là où nous en sommes.

Tout à coup, un virus que nous ne voyons pas a chamboulé nos vies. Tranquillement, le goût de regarder les autres avec bienveillance et attention est devenu rare alors que des nouvelles formes de communication dans la vie quotidienne les ont rendus presque étrangers à nos yeux. Et nous voilà, terrifiés, loin les uns des autres.

Sortons de notre confort pour penser un petit moment à ceux qui sont malades et qui ne reçoivent pas d’aide, à tous ceux qui ne savent pas comment fonctionne le système de santé et ne connaissent pas la langue. Pensons à ceux qui doivent cesser de travailler immédiatement et qui n’ont rien pour faire face à la maladie, pauvres, malades et seuls. Pensons à la catastrophe que signifie pour nombreuses personnes la fermeture des certains services aux plus démunis : la population migrante.[i]

La folie, le désespoir, l’absurde viennent aussi avec la crise : le manque de produits dans les supermarchés fait partie de ce scénario scandaleux que nous avons vécu et que nous ne pouvions pas comprendre au début du confinement. De même, le racisme institutionnel a profité pour placer «chacun à sa place», Afro-descendante ou Latino, dans le travail de prise en charge des malades, tandis que les ouvriers agricoles étrangers ont continué à faire le travail qu’ils font depuis plus de quatre décennies sans même garantir leurs droits. Les pics de contagion sont de plus en plus présents dans les populations autochtones. Enfin, la pandémie affecte davantage les personnes les plus vulnérables socialement, dont les personnes à faible revenu. Ici même, c’est à Montréal-Nord que le virus a frappé le plus fort. Ce sont des choses que nous devons combattre, tout en essayant de survivre à une crise économique qui exacerbe de plus en plus les inégalités, tant au Nord qu’au Sud.

Les problèmes structuraux que la COVID a révélés : le néolibéralisme produit la pauvreté en concentrant la richesse et en s’accaparant les ressources naturelles qui appartenaient autrefois aux paysans et aux travailleurs. Aussi, des problèmes de démocratie, de participation citoyenne, de l’état de nos systèmes de santé et tous les problèmes économiques. Ce sont les compressions imposées aux systèmes de soins de santé par l’austérité qui nous ont rendus extrêmement vulnérables au coronavirus, ainsi que l’affaiblissement du programme d’assurance-emploi, qui a mis en péril un grand nombre de travailleurs lorsque des emplois ont été perdus.

Le récit contre la COVID, veut nous voir effrayés, fragmentés, essayant de trouver des solutions individuelles à un problème qui est social. Nous, survivants, savons que cela est impossible, car la base de notre survie dépend des autres et des soins que nous sommes prêts et à apporter à ceux qui en ont besoin.

Maintenant, en raison de notre profonde crise écologique, due au changement climatique, c’est l’habitabilité de la planète qui est sacrifiée. Heureusement, nous avons constaté que même si cette pandémie fait des ravages dans le monde, il convient de souligner que la nature n’a pu être confinée.  La nature ne sait rien de la distanciation sociale qui nous désoriente tant. Le printemps et l’été sont arrivés comme à l’accoutumée et le soleil n’a pas cessé de briller pour éclairer nos jours. [ii]

La confiance et la quête de sens

Nous n’avons jamais été aussi éloignés physiquement, mais peut-être à cause de cette distance physique que nous sommes si déterminés à nous approcher les uns vers les autres. Le fait que nous soyons séparés signifie que beaucoup d’entre nous passent maintenant leurs vies collées à des écrans. Ce n’est pas ainsi que nous voulons vivre. Nous devrions voir une occasion de rejeter cet avenir, de la manière dont nous voulons sortir de cette crise. La maladie, la mort, la crise, l’isolement et la solitude nous conduisent à réfléchir sur le sens de la vie, et sur les paris sur les nouvelles normalités que nous voulons. Mais, nous devons nous rappeler que la crise était normale. La normale est mortelle, est une crise énorme. Ce n’est pas un endroit où nous pouvons retourner: c’est un endroit que nous devons construire ensemble et un endroit pour lequel nous devons nous battre. [iii]

Il nous faut penser l’économie autrement, la mettre en rapport avec d’autres systèmes de valeurs telle que la spiritualité. La nouvelle théorie économique en préparation est une théorie structurale qui reconnaît à la spiritualité et aux principales valeurs anthropologiques, une importance comme source de la valeur et de la richesse.

Qu’il s’agisse de l’économie ou de la politique, il n’est plus le temps de concevoir l’existence d’une doctrine politique sans un fondement spirituel. La spiritualité c’est le chemin. La spiritualité est ce qui guide notre vie en lui donnant du sens. L’une des maladies de notre époque, c’est cette difficulté que nous avons à trouver un sens à notre vie étant donné que nous avons perdu beaucoup de nos repères. « La spiritualité c’est la vie elle-même ». C’est le fait de lutter pour la vie, de lutter pour vivre ensemble. La spiritualité, c’est se sentir ensemble réunis dans un but commun comme le simple fait de revendiquer le respect de la dignité humaine pour tous et pour toutes. La spiritualité est un élément fondamental de l’agir collectif quand on apprend à croire les uns dans les autres et dans notre pouvoir de transformer la réalité.

Nous devons repenser notre avenir immédiat, un projet de société. Les mouvements sociaux demandent de l’aide financière aux individus et des services publics qui fonctionnent et ils remettent en cause l’économie productiviste telle que nous la concevons depuis longtemps. Mais les gouvernements ont un agenda de relance économique contraire à l’urgence climatique qui affecte la planète. Les gouvernements souhaitent effectuer une relance où l’environnement est très peu pris en compte. Il nous faut voir l’économie différemment. Nous devons réaliser une transformation massive vers une économie basée sur la protection de la vie.

Même si nous avons des alternatives économiques, nous ne pouvons pas nous protéger individuellement. Cela passe d’abord par la communauté, par notre capacité à vivre ensemble, dans la confiance, dans notre monde brut et vulnérable qui a plus que jamais besoin de retrouver ses repères.

Vers une société solidaire

Nous voulons que la solidarité et l’entraide deviennent des pratiques de la vie quotidienne, des principes fondamentaux pour vivre, la base de notre spiritualité, où la défense de la vie est placée avant tout comme le centre de notre inspiration. La solidarité est un engagement envers le bien commun et s’exprime dans les institutions économiques, culturelles, sociales, politiques et religieuses qui façonnent la société.

Maintenant, c’est le temps d’établir ce qu’on appelle une planification écologique à partir de cinq piliers fondamentaux, dont le contrôle public de l’investissement, l’emploi garanti pour les travailleurs et travailleuses des classes populaires, la planification écologique pour être capable de produire localement les produits essentiels d’usage quotidien, la démocratie participative et la justice environnementale[iv]

C’est la population qui peut appliquer cette planification écologique et changer les choses. Il nous faut passer de la distance à la confiance, dont le port d’attache, la solidarité fera de nous une société civile forte capable de conduire notre avenir ensemble. Cela signifie une société qui assume sa capacité de création, sa capacité d’organisation, pour influencer et mener une transformation sociale avec des structures plus justes au niveau local, national et mondial.

Nous avons besoin de politiques pour soutenir une écologie intégrale qui prenne soin à la fois des gens et de la planète. Une écologie intégrale pour la reconnaissance de la dignité du travail et celle de la personne, pour faciliter une réconciliation avec les Autochtones fondée sur la justice réparatrice, et pour témoigner à la fois de notre humanité et du bien commun. [v]

Allons-nous prendre soin de la terre et de l’eau en veillant à ce que les voix, la sagesse et l’expérience des Autochtones soient prises en considération dans les solutions?

Allons-nous prendre des mesures efficaces pour lutter contre les changements climatiques avec des politiques favorisant une transition juste?

Allons-nous réaliser l’égalité entre les sexes, respecter les droits des peuples autochtones et ouvrir la voie à la justice réparatrice?

Allons-nous réduire la pauvreté en stimulant la création de bons emplois?

Allons-nous créer l’équité sociale et économique y compris les soins de santé?

Allons-nous redéfinir les priorités en matière de dépenses publiques?

Allons-nous régler à la fois le problème de la richesse extrême et l’insuffisance actuelle des recettes publiques?

Les décisions que nous prendrons marqueront l’héritage que nous allons léguer aux futures générations!

Gloria Elizabeth Villamil, coordonnatrice Antennes de paix à Montréal


NOTES

[i] Rosa Linda Hidalgo, guérie de COVID, Réflexions pendant la maladie, mai 2020

[ii] Ferdinand Djayerombe, Mots de bienvenue Assemblée générale annuelle Antennes de paix, Montréal, le 05 juin 2020

[iii] Naomi Klein dans «La stratégie du choc»

[iv] Robert Lapointe. Pandémie et enjeux démocratiques ici et ailleurs dans le monde, Soirée mensuelle du CAPMO, le 18 juin 2020

[v] Centre Oblat A voice for Justice Une voix pour la justice. Cadre éthique pour une reprise post-COVID. Joe Gunn Executive Director/Directeur général. Le 18 juin 2020St. Université Saint-Paul,  Ottawa, Canada

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Journée internationale de la paix

Journée internationale de la paix

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L’Appel à la paix du secrétaire général de l’ONU
à 100 jours de la Journée du 21 septembre 2014

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 « Au cours des 100 prochains jours, il faudra que l’humanité tout entière défende le droit à la paix en exhortant les combattants à déposer leurs armes. Ensemble, marquons notre solidarité à l’égard des civils auxquels le terrorisme et la guerre ont coûté la vie, à l’égard des familles traumatisées qui n’ont plus ni maison ni avenir, et à l’égard des pays dont le niveau de développement est revenu plusieurs décennies en arrière. »

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L’appel de Ban Ki Moon a-t-il été entendu?

  • Qui parle de déposer les armes?

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  • Une génération d’enfants atteints par la guerre.
  • Les États érigent des murs pour empêcher la libre circulation des personnes et des biens.

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James Stavridis, OTAN : « Les murs ne fonctionnent pas. Il faut construire des ponts »
http://tedglobal.blog.lemonde.fr/2012/06/26/james-stavridis-otan-les-murs-ne-fonctionnent-pas-il-faut-construire-des-ponts/

 « Une frontière n’est pas nécessairement un mur, une ligne hermétique, puisqu’elle est un point de contact, une interface : son tracé est en principe bilatéral, régi par des  conventions, établi par des États frontaliers, tandis que le tracé d’un mur est – à de rares exceptions près – unilatéral et exclusif. » Élisabeth Vallet, Charles-Philippe David, Le Devoir.com, mardi 13 avril 2010

Lire les détails dans notre dossier

temoignages

 « Les exactions des officiers et des soldats de l’armée régulière à l’encontre de la population civile bénéficient désormais d’une totale impunité. Au Sinaï, tout est permis, y compris la destruction des maisons sans autorisation des tribunaux, l’incendie des cabanes qui abritent les plus pauvres et notamment les personnes âgées, l’arrachage des oliveraies … le meurtre de femmes et d’enfants… les déplacements forcés et les disparitions organisées et, bien entendu, le harcèlement des journalistes et des chercheurs – dont l’auteur de ces lignes. »                                   I

Ismaïl Alexandrani, « Au Sinaï, une guerre sale qui ne dit pas son nom », Le Monde diplomatique, septembre 2014, p. 6-7

Lire les autres témoignages dans notre dossier.

 

dossier

Lire les notes, sources et articles consultés dans notre dossier sur la Journée internationale de la paix

 

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L’association internationale ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) propose de célébrer la Journée internationale de la paix en créant un réseau de prières couvrant les 24 heures en solidarité avec Irak, Israël et Palestine, Mali, République centrafricaine, République démocratique du Congo et Syrie. Voir le Bulletin de l’ACAT, août 2014.
http://www.acatcanada.org/SP-SP.htm

En Iran, les détracteurs du pouvoir qui prennent la parole ou la plume sont accusés de crimes contre l’État, tel Arzhang Davoodi, écrivain iranien emprisonné depuis plus de dix ans déjà.  Voir l’appel urgent d’Amnesty International pour lui obtenir justice. Consulter http://www.amnesty.ca/news/news-item/iran-must-immediately-release-prisoner-of-conscience-arzhang-davoodi

En Angleterre, Pax Christi UK invite à  prière et à jeûner pour la paix au Moyen-Orient entre le 8 septembre et le 7 octobre. Voir la prière proposée : www.paxchristi.org.uk

 

Au Québec, Outils de paix rassemble quelques organismes d’éducation à  la paix  qui ont décidé de se concerter pour créer ensemble des outils et intervenir en conjuguant leur expertise et leurs expériences. En savoir plus : www.outilsdepaix.org

 

Au Canada, des associations autochtones et des organisations œcuméniques demandent depuis dix ans une enquête nationale sur les femmes autochtones disparues. Consulter : http://www.cbc.ca/news/canada/saskatchewan/inquiry-on-missing-and-murdered-women-could-delay-action-head-of-police-chiefs-association-warns-1.2747884

 

Une « Marche pour le climat » convergera vers New York où se tiendra Le Sommet 2014 sur le climat organisé par les Nations Unies le 23 septembre prochain. C’est une tentative pour convaincre les décideurs politiques et économiques de l’urgence de prendre des décisions courageuses si l’on veut éviter le pire en matière de changements climatiques. En savoir plus : http://www.un.org/climatechange/summit/fr/). Les organisateurs suggèrent deux moyens concrets d’agir, à court terme, pour ajouter votre poids à la balance:

Des soldats du renseignement israélien dénoncent les « abus » contre les Palestiniens

C’est une lettre envoyée par 43 officiers et soldats israéliens de réserve à leur premier ministre et à leur chef d’état-major. Ayant servi dans l’unité 8200, la plus prestigieuse unité de renseignement militaire israélien, ils ont décidé de ne plus servir, refusant de participer aux « abus » commis selon eux contre les Palestiniens.

En savoir plus :
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/09/12/des-soldats-israeliens-refusent-de-participer-a-de-nouveaux-abus-contre-les-palestiniens_4486455_3218.html

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Partage de prières offertes par les participant-es

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Prière bouddhiste pour la paix

Que tous les êtres vivants affligés

De souffrances du corps et de l’esprit

Soient rapidement libérés de leurs maux.

Que les êtres effrayés cessent de craindre

Et que les êtres prisonniers soient libérés.

Que ceux réduits à l’impuissance retrouvent la force

Et que tous croient en l’amitié.

Que les êtres perdus en des terres inconnues et sauvages,

Que les enfants, les aînés et toutes les personnes vulnérables,

Soient protégés par des cieux bienveillants

Et qu’ils atteignent avec célérité l’État de Bouddha.

 

(Envoi de John Walsh, traduction par Anick Chartier, septembre 2014)

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Lire aussi la prière pour la paix du Cardinal Carlo-Maria Martini

 

sugg-int-priere

Seigneur, tu as annoncé par ton prophète Isaïe* que si nous sommes fidèles à tes commandements, « la paix coulera comme un fleuve et la justice comme les flots de la mer ».

Nous t’en prions, donne-nous maintenant ta grâce
afin que nous puissions agir avec imagination et courage
en fidèles artisans de ta justice et de ta paix.

 R/ Fais de nous, Seigneur, de fidèles artisans de ta justice et de ta paix.

(* Isaïe 48, 17-19)

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