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Visages et rencontres au-delà des frontières

Toi, qui pleures et vis la guerre…

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Chère petite sœur yézidi,

toi qui habites au bout du monde,
Et qui résides aussi dans mon cœur,
Dans mon humanité la plus profonde

Toi, qui pleures, et vis la guerre,
on a tué ton père violé ta mère,
on vous a chassé de vos terres,
vous a fait perdre tous vos repères..

toi qui as déjà vécu trop d’épreuves, toi dont le cœur d’enfant a été trop vite plongé dans la dure et brutale réalité d’un monde d’adulte, loin des poupées, de l’innocence, des rires et du jeu.

 

S’il te plait, tiens bon! J’aimerais t’encourager à continuer de semer de tes petites fleurs de petite fille, au cœur d’un monde malade..

Tes pleurs me font fondre… Je ne trouve pas de mots pour te consoler. J’aimerais tant te faire un gros câlin, arracher toute cette souffrance qui t’habite. Et surtout t’aider à retrouver la flamme qui illumine tes yeux, et réchauffer ton cœur.

Mais je ne peux que reconnaître mon impuissance, et te remettre entièrement entre les mains de notre créateur qui nous aime tant!

Je le prie de te bercer, de t’entourer de Son amour et de Sa tendresse, et surtout de te faire retrouver rire et sourire, et la paix du cœur !

Illustration et texte de Mélissa

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Nous continuons cette semaine notre nouvelle série de Visages et rencontres au-delà des frontières, un appel à sortir de l’indifférence et à se sensibiliser aux détresses de notre humanité au moyen de l’écriture et la création d’images solidaires. Cette semaine, nous vous présentons un portrait de cœur qui fait suite à l’appel que nous avions publié en faveur du peuple « Yézidi » (ou « Yazidi »). Pour participer, ajouter vos commentaires, ou nous rejoindre à accueil@antennesdepaix.org  pour faire partie de l’équipe d’écriture et d’illustration.

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Commentaires inspirés par le dessin de la fillette Yézidie

Comment est-ce possible que les enfants soient piégés par les jeux des grands? Qu’est ce qui ferait que nous nous réveillerions et que nous jetterions nos armes à terre et que nous redonnerions l’Enfance aux enfants. Un visage d’enfant sans espoir est un paysage sans vie.

Marie-Claude

Ils sont partis, faisant claquer leurs bottes. Tu n’oses pas te retourner au cas où ils reviendraient à la charge pour virer à l’envers le coin de maison que tu habites.

Désolation. Tu ne comprends pas qu’on s’attaque à une enfant. Où sont-ils ceux qui pourraient te protéger?

Seule, tu es seule.

Tu ne sais pas encore que tu es forte, que tu portes en toi un trésor de résilience qui te permettra de te relever pour continuer la route.

Aujourd’hui n’est que tristesse, peine, crainte et appréhension.

Demain se lève mais tu ne vois pas encore le jour.

Viens avec nous guetter l’aube. Viens, lève-toi pour saluer un jour nouveau qui chassera la nuit.

Gisèle

Le désespoir envahit parfois

quand la route est trop longue

quand le ventre crie de faim

les bébés pleurent toute la journée

le vieilles dames autour gardent le silence

les hommes cherchent sans cesse des solutions introuvables

et nous les enfants, les adolescents, qui cherchent juste à s’amuser

car nous sommes incapables de comprendre pourquoi

on chercherait à nous tuer

tout simplement pour nos croyances mal comprises

Colette

….

Combien de larmes, coulant à flots de combien d’enfants, faudra-t-il pour que nous soyons véritablement à l’écoute de la souffrance engendrée par nos convictions aveugles et conflictuelles. Comment se fait-il que nos raisonnements les plus articulés en arrivent immanquablement à la décision d’exclure et de combattre au moyen des armes comme s’il n’y avait pas d’autres issues possibles.

Tu ne le sais sans doute pas, petite fille yézidie, mais cette montée de larmes subite qui inonde ton visage vient de très loin. Ce sont les larmes de tout un peuple qui crie sa douleur. Ce sont les larmes de milliers et de milliers de tes frères, sœurs, parents et ancêtres ayant souffert de persécutions et de massacres durant des centaines d’années.

Pourquoi est-ce à toi, petite fille, que revient l’appel pressant de pleurer toute  la détresse d’un peuple. Sans doute parce que le cœur des grands s’est endurci, parce qu’ils ont endigué les vallées de larmes depuis des siècles  et des siècles, détournant le flot de la tristesse d’une humanité déchue dans des conduits souterrains inaccessibles.

Il ne reste peut-être plus que des petites filles au cœur tendre comme toi pour exprimer toute la douleur et solitude d’un peuple, peuple incompris tout simplement parce qu’il ne prie pas de la même manière que les autres.

manu

Et pour terminer une prière envoyée pas Anne :

C’est à toi, Sainte Marie, qu’est confiée cette souveraine montée de larmes,
Préserve-la de toute amertume, de toute colère.
Permet à cette eau bienfaisante de trouver son achèvement dans la prière de la Pentecôte, adressée à l’Esprit Saint :

 » Sans ta puissance divine,
Il n’est rien en aucun homme,
rien qui ne soit perverti.

Lave ce qui est souillé,
baigne ce qui est aride,
guéris ce qui est blessé.

Assouplis ce qui est raide,
réchauffe ce qui est froid,
rends droit ce qui est faussé. »

***
Que cette enfance tôt « alarmée »
« alarme » en nous ce qui doit l’être.

2 réponses sur « Toi, qui pleures et vis la guerre… »

Nos perceptions s’emboîtent les unes les autres, élargissant notre vision et notre cœur à la dimension du drame. Ainsi, j’apprécie qu’au-delà de la solitude et de la peine indéfinissable de cette enfant on m’aide à voir que ses larmes viennent de si loin, de tous ces génocides oubliés qui ont marqué des générations. Merci Mélissa pour cette illustration qui montre toute ta capacité d’empathie.

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« Toi qui habites au bout du monde,
Et qui résides aussi dans mon cœur,… »

Merci Mélissa pour le dessin et le texte de la petite fille yézidi: un appel qui retentit des entrailles et appelle toute la compassion du monde…
Soyons à son appel des êtres de compassion et de communion au quotidien…
Ton dessin convoque à verser des larmes sur notre monde présent et à s’y engager Résolument du lieu qui est le mien, le nôtre…

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